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Bien-être et improvisation : un combo gagnant

Si l’improvisation, quelle que soit sa forme, représente un médium incontournable de travail pour ses utilisateurs, elle se révèle parfois bien plus utile qu’il ne paraît en dehors du spectre des Arts.

Circassiens, comédiens, chanteurs, peintres, photographes… Nombreux sont les artistes qui vantent les bienfaits de l’improvisation à un niveau plus intime et personnel. Leur travail en improvisation fait écho à des aspects de leur vie et permet bien souvent d’appliquer ce qu’ils mettent en place sur scène à des situations de leur quotidien.

Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre dans les témoignages d’artistes qu’ils s’inspirent de l’improvisation pour lever des freins personnels et faire d’eux des meilleures versions d’eux-mêmes.

Que ce soit la peur d’échouer, le jugement ou un simple besoin de créativité, l’improvisation peut nous servir tous les jours, et ce que l’on soit artiste ou non.

C’est pourquoi à Afol Pa nous voulons vous faire découvrir quelles sont les règles en improvisation et pourquoi elles peuvent nous aider à pimper notre vie de tous les jours.

Règles n°1 : laisser le jugement de côté

Que l’on soit un juge sévère pour les autres ou pour nous-mêmes, généralement rien de bon ne ressort d’une critique acerbe sur nos actions ou celles d’autrui. Pour qu’une interaction soit constructive et pour nous permettre d’avancer, il est important de ne pas juger à tout-va.

Mon collègue prend une décision contraire à mon expertise ? Peut-être a-t-il des raisons pour cela que j’ignore encore. Sinon, en parler ouvertement avec lui peut s’avérer utile.

Un de mes choix n’a pas le résultat escompté ? Peut-être que des conséquences inespérées changeront positivement le cours de l’histoire. Sinon, prendre du recul et réfléchir avec calme sur la situation permet de l’aborder de manière plus clairvoyante.

Les improvisateurs laissent le jugement de côté en pratiquant leur art, car ils savent que la bienveillance et une attitude positive sont plus fructueuses que la critique ou le pessimisme.

Appliquer cette première règle nous apprend l’humilité ainsi qu’à nous remettre en question pour pouvoir apprendre de nos actes et de nos paroles. C’est tout bénéf’ !

Règle n°2 : écouter son environnement

En improvisation savoir écouter son environnement est primordial. Que ce soit les partenaires de scène, le public ou encore une prise de conscience du décor en présence, rien n’est plus important que de savoir observer tous ces aspects afin de pouvoir intelligemment y prendre part et jouer avec. Et dans la vraie vie alors ? C’est pareil ! “Prendre la température d’une pièce” est un véritable atout pour y évoluer brillamment. Qui est présent ? Quel est le niveau sonore ? Quel est le contexte en place ? Les personnes paraissent-elles joyeuses, tristes, concentrées, espiègles ? Éviter de mettre les deux pieds dans le plat passe donc par une phase d’observation que l’on oublie bien souvent de mettre en place. Et pourtant, écouter plus attentivement son environnement nous permet de développer notre écoute des autres mais aussi de nous-mêmes : suis-je à l’aise avec la situation ? De quoi ai-je besoin ? Envie ? Toutes les réponses à ces questions se trouvent bien souvent sous notre nez. Alors observons ! 

Règle n°3 : faire des propositions au lieu de critiquer

Cette règle se rattache directement à la première. Et pour cause, dès lors que nous sortons du jugement et de la critique, nous sommes plus aptes à proposer des alternatives, des solutions et développer des idées constructives qui nous permettent de dérouler les nœuds d’une problématique. Il est vrai qu’il faut savoir dire “non”... mais si nous pouvions ajouter à cela savoir dire “et si on essayait ceci à la place ?” alors bon nombre de scénarios cul-de-sac n’existeraient pas. Appréhender des situations de la vie de tous les jours avec cette approche nous aide à développer notre capacité à résoudre des problèmes ou dilemmes de manière créative et donc, en soit, à être plus créatif nous-mêmes. À consommer sans modération !

Règle n°4 : s'ancrer au moment présent

Au cours de notre vie, combien de fois avons-nous dit “je n’ai pas le temps” ? Des tonnes de fois. Nous évoluons dans des sociétés qui tournent à deux-milles à l’heure et où l’on ne touche plus terre. Les conséquences de ces rythmes effrénés de vie sont plurielles : nous sommes souvent nostalgiques des années plus simples de notre jeunesse ; ou alors nous sommes inquiets et dans la perpétuelle anticipation des années à venir. Ces deux scénarios nous empêchent bien souvent d’apprécier et de construire le moment présent.

Sur scène, c’est tout à fait pareil : on ne peut pas penser à ce que l’on a proposé, à ce que l’on proposera et à ce que l’on propose simultanément ! L’important est de bien prendre le temps de respirer et d’observer ce qui se passe en nous et autour de nous à ce moment précis et de travailler avec cela.

S’attacher aux grands et petits événements du présent nous permet de reprendre le contrôle et le rythme de nos vies et surtout de reconnecter notre corps, nos sens et notre esprit les uns aux autres. Il n’y a donc plus à hésiter !

Règle n°5 : s’apaiser

Vous vous en êtes sûrement douter, s’apaiser est obligatoire pour pouvoir appliquer la règle précédente. Bien sûr nous sommes humains et nos émotions nous envahissent à la moindre occasion, nous empêchant bien souvent de rester rationnel et mesuré. Alors comment font les artistes qui improvisent pour se contenir et trouver la paix ? Méditation, exercices de respiration, musique douce, Yoga, huiles essentielles, livres… Chacun sa méthode. Mais une chose est sûre, impossible d’improviser sans se calmer avant. Et puisque la vie est une grande improvisation qui se déroule de la naissance au trépas, pourquoi ne pas prendre exemple sur eux et l’apprécier plus sereinement en essayant de s’apaiser ?

Trouver un moment rien qu’à soi pour se détendre est primordial pour notre équilibre. Cela nous permet notamment d’apprivoiser nos émotions et nous apprend à les gérer avec plus de sagesse. C’est gagnant-gagnant !

Règle n°6 : arrêter de se comparer

La comparaison est-elle le mal du siècle ? Oui, et pour cause ! Nous passons nos vies à nous comparer à autrui. Mais comment pouvons-nous transcender nos failles ou célébrer nos réussites si nous passons le plus clair de notre temps à nous comparer aux autres ? Nul n’a les mêmes envies, besoins, capacités, historiques personnels... Tout le monde n’a pas les mêmes facultés et aspirations non plus. Alors comme pour les improvisateurs professionnels qui développent leur art sans se comparer à leur pair, il est temps que nous fassions de même au quotidien. Qu’il s’agisse de membres de la famille, d’amis ou de collègues : peu importe. Pour pouvoir enfin prendre confiance en nous et assumer qui nous sommes et nos actions, il est temps que nous analysions notre vie au regard des leçons qu’elle nous donne tous les jours et non au regard de celle des autres. Plus facile à dire qu’à faire, mais extrêmement bénéfique !

Règle n°7 : rester soi-même

Chassez le naturel et il revient au galop. Et c’est tant mieux ! L’authenticité est une valeur de plus en plus rare et pourtant, elle engendre des bénéfices qui peuvent changer la vie. Sur scène et au moment d’improviser, les artistes ne peuvent pas complètement se cacher derrière un masque. Bien au contraire, ils se servent de qui ils sont pour décupler, caricaturer, dénaturer ou encore transcender cet être. Pour improviser au jeu de la vie, il en va de même. Partir à la rencontre de son être profond est une condition sine qua non pour vivre pleinement son existence dans le respect de notre personne, de nos valeurs et de nos aspirations. Alors restons naturel autant que possible !

Règle n°8 : regarder les gens dans les yeux

Si cela peut paraître bizarre voir malpoli pour certains… Maintenir le contact visuel lors de nos interactions est une règle incontournable de l’improvisation, mais aussi du quotidien. Georges Rodenbach disait : “Les yeux sont la fenêtre de l’âme”. Et pour cause, beaucoup se transmet en un regard : nos émotions se trahissent souvent par nos yeux même lorsque l’on essaie de les dissimuler. Regarder droit dans les yeux son partenaire de scène, son public ou toute autre personne avec qui nous avons une conversation nous permet d'affiner grandement notre intelligence émotionnelle et donc, nos interactions sociales. À essayer à chaque occasion !

Règle n°9 : prendre exemple sur ce qui nous inspire

Même les plus grands improvisateurs s’inspirent de ce qui les anime. Qu’ils s’agissent de sport, de religion, de cuisine, d’artistes de renoms ou encore de littérature : l’inspiration peut être trouvée partout autour de nous. Et elle peut prendre des formes diverses : une situation cocasse, banale ou un événement familial peuvent aussi s’avérer très utile lors d’une situation tout à fait différente. Il ne faut pas avoir peur de créer des parallèles et de croiser les genres même s’ils peuvent nous sembler loufoques. Lorsque nous nous sentons en manque d’imagination ou de moyens, il est normal d’invoquer ce que nous avons déjà vécu, des personnes que nous avons déjà rencontrées ou des passions personnelles. Notre problématique peut alors apparaître sous un tout nouveau jour et l’on peut même se prendre au jeu d’essayer une nouvelle activité. Appliquer cette règle aboutit bien souvent à la découverte de nouveaux talents qui pourront aussi nous être utiles par la suite. Un véritable cercle fructueux !

Règle n°10 : rester disponible

On entend par “disponibilité” l’ouverture d’esprit. En effet, un improvisateur n’est jamais censé dire “non” et doit toujours accueillir une idée nouvelle avec souplesse et curiosité. Sauter dans l’inconnu et tenter de nouvelles choses sont des piliers fondateurs de l’improvisation. Pour cela, il est obligatoire d’être de bonne composition pour accueillir avec entrain ce qu’il vient à nous sans appréhension. Rester disponible pour les aléas, les contretemps, les imprévus est une règle d’improvisation qui peut nous faciliter la vie si on l’applique au jour le jour. Elle nous apprend à garder un esprit enthousiaste pour tout et tout le monde, mais aussi à sortir de notre zone de confort. Un esprit sain, dans un corps sain !

CONCLUSION

Vous l’aurez compris, l’improvisation et ses règles regorgent de bienfaits. Les utiliser dans la vie de tous les jours peut réellement nous aider à nous développer sainement et à grandir en tant qu’acteur de notre bien-être. D’ailleurs, saviez-vous qu’il existe des ateliers d’improvisation thérapeutique ? Ce sont des ateliers de théâtre d’improvisation classique qui prennent en charge des personnes de tout âge. On y travaille la voix, le corps, l’imaginaire ou encore la mémoire et l’apprentissage de textes théâtraux. Ces ateliers pas comme les autres offrent l’opportunité de créer un espace pour les participants afin qu’ils puissent exprimer leurs angoisses, parler de souvenirs ou tout simplement ressentir des émotions face à un contexte particulier au sein d’un groupe à l’écoute, sain et cadré par l’art dramatique. C’est ce que l’on appelle le psychodrame. Il est un moyen de placer un nouveau regard sur les enjeux intérieurs d’une personne : les émotions ressenties sont vraies, les scènes créées et jouées se rattachent à l’histoire de vie des participants. Le psychodrame permet d’ouvrir les portes de l’intime et de trouver au sein d’un groupe le respect, le soutien et la solidarité nécessaires au travail sur soi. Comme quoi, l’improvisation n’a pas fini de nous vouloir du bien !

SOURCES :

Impro au quotidien pour le bien-être (Improv Yourself)

Impro et bien être : une philosophie de vie (Wave Me Up)

Médiation thérapeutique par l’improvisation théâtrale (Cairn.info)

Le psychodrame : quand le théâtre est thérapeutique (Ton petit look)

Arts et Thérapie - Psychothérapie adultes, ados, enfants (Sylvie Chojnacki)